Claire Rodriguez s'adresse aux socialistes cérétans

 

Cher(e)s camarades,
 
Je suis heureuse et fière de me retrouver une nouvelle fois devant vous pour une désignation en interne. Je n’ai pas préparé de curriculum vitae parce que vous me connaissez depuis si longtemps. J’ai bientôt quarante neuf ans. Vous aurez remarqué que depuis 1995, depuis mon adhésion, mon engagement s’inscrit dans la persévérance et la durée malgré tous les aléas. Et si je suis là ce soir c’est parce que j’ai la volonté de rendre, avec vous, Céret à la gauche. Je ne vais pas vous présenter ce soir un projet ficelé, détaillé et définitif. Une parenthèse à ce sujet : nous avions mis en place l’an dernier une commission du projet qui ne s’est réunie que deux fois, certes pour diverses raisons, cependant on peut regretter que ce travail collectif n’ait pas abouti pour l’instant. Donc ce soir pas de programme détaillé mais quelques grands axes que je soumettrai tout à l’heure à votre réflexion.
 
Pour ma part, j’ai la chance de partager depuis vingt-cinq ans, pour le meilleur et pour le pire, la vie du plus ancien élu de notre ville, 30 ans de mandat cette année, et 7 de cure d’opposition. Mes enfants, pour l’anecdote, ont toujours connu leur père élu de Céret et très impliqué dans la vie associative. Alors vous comprendrez aisément que nos conversations ont souvent évoqué, et évoquent encore, la gestion de notre cité. J’ai donc, à mes côtés, camarades, l’expérience. Et d’autre part j’ai l’honneur d’être la première femme de la section de Céret à me présenter à la désignation de première socialiste à l’élection municipale. Et je voudrais le faire au nom de toutes mes camarades, enfin de toutes celles qui voudront se reconnaître dans la candidature. Si le 5 décembre vous me désignez, je procéderai, par la suite, par étapes.
 
Tout d’abord, et si vous êtes d’accord, je rencontrerai, accompagnée du secrétaire de section et de trois membres désignés par vous, nos partenaires des partis politiques de gauche ; en premier lieu le Mouvement des citoyens, car il faut reconnaître le travail accompli avec nous dans la majorité et dans l’opposition par Chantal Décosse et ses amis ; le Parti Communiste ensuite, et d’ailleurs il est demandeur, comme il est dit dans la lettre que vous a lue Jean Claude et qu’a reçue le secrétaire de section (pour ma part, ce n’est pas moi qui suis allée voir les communistes avant la lettre). Mais aussi, si vous êtes d’accord et s’il le souhaite, je rencontrerai le possible candidat Coste qui s’affirme de gauche. Les potentialités à gauche sont importantes. A la présidentielle je le rappelle, malgré le résultat national, Ségolène Royal est arrivée en tête à Céret. Alors je suis convaincue qu’il faut travailler très sérieusement à fédérer ces potentialités pour atteindre le résultat que nous souhaitons tous : rendre Céret à la gauche.
 
Après avoir rencontré ces différents partenaires en décembre, je vous ferai part de leurs propositions de programme, leurs exigences concernant les places, ce qu’on appelle les négociations. Autant que je me souvienne, ce n’est pas toujours facile mais c’est un passage obligé nécessaire si l’on veut faire vivre la démocratie et la diversité. Mais ce qui est important à rappeler c’est ce qui s’est toujours fait à la section de Céret et que je souhaite voir maintenu, c’est elle, donc c’est vous qui déciderez au final du nombre et des colistiers socialistes, des places sur la liste, dans le respect bien sûr de la parité.
 
En ce qui concerne l’élaboration du programme, nous mettrons nos idées en commun avec celles de nos partenaires, et là, je ne suis pas trop inquiète. Pour avoir suivi les évolutions du MDC et du PC, je suis persuadée que nous sommes très proches les uns des autres.
 
Je vous proposerai de faire une réunion de section fin décembre, spéciale, traitant du programme. Vous pourrez y faire part de vos idées, de vos propositions et de vos remarques.
Cette démarche de démocratie interne devra perdurer, que nous soyons élus, majoritaires ou dans l’opposition, avec des compte-rendu à chaque réunion de section et surtout votre ressenti et vos propositions, et si nous dirigeons la ville, je souhaite qu’on puisse renouer avec ce qui avait été mis en place avant 2001, c’est à dire une réunion de présentation du budget municipal avant qu’il soit présenté à la population. La démocratie donc et la démocratie participative qui sera le premier grand axe du projet que je soumets à votre réflexion.
 
Si nous sommes élus, je souhaite que l’opposition puisse s’exprimer en mettant à sa disposition un bureau à la mairie et en lui laissant la possibilité d’écrire dans le bulletin municipal qui est payé, je vous rappelle, par tous les Cérétans, par nos deniers. Cela me paraît évident mais cela n’existe pas aujourd’hui à Céret et c’est grave, c’est un déni de démocratie.
 
Une fois l’élection terminée, l’équipe désignée soit se mettre au service de tous et pas seulement d’une partie de la population en n’excluant personne de quelque façon que ce soit. Son travail doit s’effectuer dans l’intérêt général et dans le respect des personnes. Le respect des personnes, au delà du débat sur les idées et le projet, est un principe auquel je tiens et qui sera le mien si vous me désignez pour cette campagne. C’est ce que je mettrai au-dessus de toute autre chose en fronton, tout simplement parce que notre ville est un gros village. Une grande part de son charme tient à sa convivialité et au plaisir que l’on a à se rencontrer entre voisins, au centre ville qui est un endroit merveilleux, un forum le samedi matin, ou bien dans un commerce, un café, ou bien le dimanche au stade, au terrain de boules, et une élection municipale ne doit pas être une guerre civile qui détruirait tout cela.
 
Dans cet état d’esprit je prônerai la mise en place de la démocratie participative et la relance des comités de quartier car qui connaît mieux son quartier que celui ou celle qui y vit ? Ces comités sont un moyen de rester en contact permanent avec la population, d’être à son écoute et de dialoguer. Dans le même registre de démocratie participative et de concertation, la vie associative étant très intense chez nous, il faudra, je pense, rétablir l’office municipal des sports et redonner son rôle plein à l’office municipal de la culture. Ces offices sont primordiaux pour recenser les besoins des associations en fonctionnement et en infrastructures et répondre aux attentes. La municipalité y est représentée, mais minoritaire pour qu’une certaine neutralité y soit préservée, c’est très important pour les associations loi 1901 qui sont toujours neutres.
 
Le deuxième axe que je vous soumets est le développement de la ville et la mise en place du PLU (plan local d’urbanisme). C’est un thème primordial pour l’avenir et sur lequel nous devrons évidemment réfléchir avec nos partenaires colistiers de gauche. Il faut que nous travaillions à une vision de la commune sur 10, 20 ans, dans la continuité de ce qui a été réalisé et pensé par nos camarades avant 2001 autour d’Henri Sicre, à savoir : quelle ville voulons-nous ? combien d’habitants ? quelle expansion ? quelle densité ? avec tout ce qui en découle au niveau des infrastructures nécessaires, par exemple et surtout la station d’épuration qui doit être refaite ou améliorée en cours de mandat, des études sont actuellement en cours. Son coût est important, de l’ordre de deux millions d’euros. Il ne faut pas se tromper sur les projections de l’évolution démographique, en sachant toutefois que depuis des années, dans le budget assainissement de la ville, il est prévu une réserve à cet effet.
 
Notre ville est belle, elle est pittoresque, elle a une forte identité, elle s’intègre parfaitement dans son écrin de verdure, de champs et de forêts, elle restera belle si nous savons préserver cette harmonie. Dans les mandats précédant 2001, nos camarades avaient travaillé dans le sens d’un développement harmonieux : mise en valeur du centre ville, création de lotissements proches du centre, en cohérence ; les Tins d’abord, Vignes Planes ensuite, globalement et pas par petits morceaux, c’était la bonne vision des choses. Et parce que nous sommes de gauche, nous devons intégrer une dimension sociale dans le PLU. Le diagnostic du bureau d’études Terreneuve de janvier 2005 fait état d’un nombre de logements sociaux nettement insuffisant au regard des besoins de la population. Le pourcentage de logement social représente à Céret 7% du parc de logement total. Les personnes concernées sont de jeunes couples ou des personnes aux revenus modestes. Or, dans le centre historique, 410 logements étaient vacants en 2000, soit 12% du parc de logements. La ville possède donc un potentiel de logements qui doit participer à la valorisation du patrimoine et à la dynamisation du centre ancien. Notre projet doit donc intégrer la dimension sociale et proposer une stratégie de développement qualitatif et pas seulement quantitatif du parc immobilier. Il faut un urbanisme cohérent et maîtrisé qui préserve l’environnement.
 
La maîtrise du foncier, c’est la préservation de l’environnement et aussi des terres agricoles qui sont passées de 364 ha en 1979 à 100 ha en 2000. En liaison avec les représentants agricoles, il faut préserver une agriculture à Céret, c’est fondamental d’un point de vue environnemental car les agriculteurs sont les jardiniers du paysage et en tant que petite-fille et fille de paysan, je suis très attachée à cette idée.
 
Troisième axe de réflexion, c’est le volet économique. En quelques chiffres : le taux d’actifs est peu élevé sur la commune, 41% contre 55 à Perpignan et 62% à l’échelle nationale. La pyramide des âges laisse apparaître que la population est relativement âgée : elle se partage en un tiers de moins de 29 ans, un tiers entre 30 et 60 ans et un tiers de plus de 60 ans. Sur les trois secteurs d’activité, primaire, secondaire et tertiaire, on compte 3% dans le primaire, c’est à dire l’agriculture, 27% dans le secondaire, industrie et commerce et 70% dans le tertiaire. Le tertiaire est donc fortement représenté à Céret, qui est un centre administratif et de services à l’échelle de la vallée et l’idée de Robert Garrabé de bâtir une cité administrative aux Tins est donc pleinement justifiée. Une des forces de l’économie cérétane réside dans le secteur touristique et culturel également. Notre musée est un des sites touristiques les plus visités du département. Un mot sur le musée : les socialistes ont été favorables à l’institution de l’EPCC car ils y ont vu le moyen de préserver l’existence de notre musée, dont on ne savait pas, après 2001, quel serait l’avenir suite aux attaques dont il avait fait l’objet. l’EPCC qui a pris en charge le fonctionnement du musée permet à la ville de réaliser une économie d’environ 200 à 250000 € par an, ce qui représente 4% des impôts locaux, et en cinq ans, il a donc permis de réaliser plus d’un million d’euros d’économies mais il saute aux yeux que tout cela n’a pas été réinvesti dans la ville. Mais si nous gagnons l’élection, nous aurons là une marge de manœuvre. Mais je pense que la ville aurait du garder un rôle prépondérant dans cette structure : le musée de Céret, c’est avant tout le musée des Cérétans. Le musée est un des moteurs majeurs de l’économie mais il y a encore beaucoup à faire en matière de retombées. Tout se tient : dans centre historique, comme j’ai dit précédemment, on peut restaurer des logements vacants en aménageant des logements locatifs à l’étage et en permettant l’installation d’ateliers d’art, de commerces de qualité, d’échoppes au rez-de-chaussée. Nous devons très sérieusement envisager une étude par un cabinet spécialisé, en prenant exemple sur ce qui s’est fait dans des villes comme Aix,Aigues mortes ou Villefranche de Conflent pour une valorisation esthétique et structurée de notre patrimoine immobilier du centre historique. C’est par ce moyen, par cette valorisation, que nous aiderons aussi le commerce local, le petit commerce cérétan auquel nous sommes attachés, qui donne à Céret une part de qualité de vie non négligeable : qui pourrait imaginer un centre ville sans petit commerce.
 
Dans un autre secteur de la commune, un autre poumon économique, c’est la zone industrielle. Une ville qui bouge, se transforme, s’embellit, c’est une ville regardée, souvent enviée, et qui attire inévitablement l’installation de nouvelles entreprises. Il faut encore travailler au développement de ce secteur d’activités important qu’est la zone en collaboration avec les acteurs locaux et départementaux, car il faut permettre aux jeunes et moins jeunes de trouver un emploi sur place : ça doit être une de nos préoccupations majeures.
 
Un autre axe important, c’est bien évidemment la culture. Tout d’abord je voudrais rappeler que la maison Companyo, la nouvelle médiathèque, avait été préemptée et achetée par l’ancienne municipalité Sicre, ce qui a permis la belle réalisation actuelle.
La culture à Céret, c’est pour une belle part la catalanité, et la catalanité c’est mes racines.  Elle est très vivante à Céret dans le monde associatif et le milieu scolaire et je sais qu’il y a des spécialistes parmi nous ou à côté de nous qui travaillent en permanence sur ce sujet.
La culture au sens large, c’est la tradition et aussi l’animation, avec des manifestations nombreuses toute l’année. Il y a des temps très forts : la fête de la cerise qu’il faudra améliorer dans la qualité; la tradition taurine, très vivante chez nous, est à l’origine de la féria. La féria est un sujet brûlant : les bodegas sont une source de revenus importants pour les associations qui font vivre la ville toute l’année et hélas aussi pour d’autres associations qui sont en sommeil toute l’année. Mais c’est l’événement le plus lourd, et sans heurter qui que ce soit, il faut la réorganiser complètement. Il faut une concertation très large avec les autorités, les associations, les riverains, les commerçants, les représentants des comités de quartiers, des jeunes, les pompiers, les gendarmes. Il faut poser les problèmes dès le début du mandat et trouver des solutions acceptables pour tous.
Concernant les autres manifestations festives, il faut impulser la création d’un comité des fêtes qui travaille en collaboration avec les offices et la municipalité parce qu’à l’heure actuelle, c’est la municipalité qui décide de tout, ce qui n’est pas une bonne chose à mon avis. D’autre part, si nous voulons qu’il y ait des manifestations de qualité dans notre ville toute l’année, rappelez-vous Passerelles, les Méditerranéennes, il faut une salle des fêtes d’une capacité de 1000 places au moins, transformable en salle polyvalente, qui puisse accueillir aussi des congrès et des colloques. Tout se tient : une ville attractive qui peut recevoir. La salle polyvalente est un sujet qui peut être travaillé en intercommunalité et le lieu d’implantation est à réfléchir en commun, mais bien sûr sur Céret.
Une autre grosse réalisation est à étudier très sérieusement, c’est la piscine couverte. Robert Garrabé en a parlé dans le cadre de l’intercommunalité, il faudra y travailler avec lui.
 
Je vais aborder maintenant des sujets importants qui méritent d’être autrement développés mais le tems presse et on y reviendra dans notre réunion de fin décembre.
Premier sujet : la crèche, à laquelle il faut porter beaucoup d’attention, surtout si nous voulons attirer à Céret des jeunes couples. Il faut travailler en liaison avec le Conseil Général pour réaliser, pourquoi pas, une crèche cantonale.
Deuxième sujet : il faut rester attentif aux besoins des écoles en équipement et faire un point sur ce qui est fait concernant l’accompagnement des enfants en difficulté scolaire.
Autre point, le PIJ a été créé au début des années 90, ce fut le premier du département, il a été supprimé arbitrairement en 2006 et il est réapparu il y a trois jours dans un article de presse de l’Indépendant. Je ne sais si c’est une erreur d’un journaliste, en tous cas il n’y a pas eu d’AG constitutive, donc il faut impérativement relancer cette structure.
Autre point très important : les personnes âgées qui représentent un tiers de la population, près de 1500 personnes, c’est énorme, demandent toute notre attention. Une priorité bien sûr, le maintien à domicile avec toutes les aides et services nécessaires que le Conseil Général a développé l’autre jour. On peut aussi étudier un projet de résidence médicalisée pour personnes âgées, c’est un projet que tient à cœur, je le sais, un camarade de notre section.
 
Mon temps de parole va s’achever. Je voudrais développer juste deux derniers points qui sont, à mon sens, d’importance.
Le premier, c’est persévérer dans l’étude de la gestion publique de l’eau pour pouvoir aller un jour vers une régie municipale.
Deuxième point, en bout de chaîne, mais d’importance sur le plan environnemental et financier : c’est « les ordures ménagères ». C’est important parce que la facture augmente et elle n’a pas fini d’augmenter. Sous la municipalité Sicre, un centre de transfert et une déchetterie ont été réalisés. Depuis, en sept ans, plus rien n’a été fait. On a même dit que les agents qui travaillaient là-bas n’avaient pas changé de costume depuis sept ans ! Alors que la mise en place du tri sélectif permettrait de diminuer le coût des déchets. Il faut lancer toute une campagne de sensibilisation de la population qui avait débuté avant 2001 et avait été interrompue forcément. Cela doit être un point important du programme et je suis persuadée que nos partenaires de gauche seront à 100% pour.
 
Il y a d’autres points que nous devrons discuter, je vous ai livré ici quelques points de réflexion.
Pour finir, je reviens sur mon engagement : rendre Céret à la gauche. Alors c’est vrai qu’actuellement il est de bon ton de se dire apolitique et d’avancer masqué. Pour ma part, je ne mettrai jamais mon drapeau dans ma poche car notre petit Céret n’est pas isolé du reste du monde et actuellement en France, Sarkozy et la droite « décomplexée » sont en train de remettre en question tous les acquis sociaux obtenus par le monde du travail depuis des décennies, ceci pour préserver les avantage de ceux qui n’ont aucun problème de pouvoir d’achat et qui bénéficient du bouclier fiscal. Alors il est nécessaire que la gauche réagisse, propose une alternative véritable. Ici et partout il faut reconstruire l’espérance.
 
Merci de m’avoir écoutée, camarades.
 
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